Prince charmant. Représentations des ressources et des coûts des masculinités dans les romans sentimentaux des collections Harlequin

Publication year
2012
Pages
91-109
Comment

Au rebours des recherches existantes qui ont pour la grande majorité concentré leur attention sur les figures féminines, on s’intéressera ici principalement aux représentations idéalisées des masculinités développées dans les romans des collections Harlequin, en les considérant comme autant de prescriptions indirectes faites aux hommes. (93)

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nous n’appréhenderons pas ces romans comme un tout uniformisé et uniformisant, sous prétexte qu’ils sont soumis à une production industrielle en séries, à une standardisation des structures narratives en lien avec une consommation de masse. Il s’agira au contraire de tenir compte des stratégies marketing mises en œuvre par l’éditeur, qui consistent en des ajustements du modèle narratif générique et donnent lieu à des offres éditoriales différenciées. Enfin, notre analyse se distingue des précédentes en ce qu’elle récuse une vision unilatérale de la domination masculine où les figures respectivement dominatrice et victimaire du masculin et du féminin semblent exclusives l’une de l’autre. C’est, du reste, l’un des nombreux intérêts qu’offre l’étude de ces romans Harlequin que de montrer que la domination masculine, qui se joue et se rejoue dans la rencontre amoureuse, qui en est l’un des principaux enjeux, est le produit d’une relation sociale complexe où le dominé est loin d’être passif et n’en supporte pas seul les coûts. (94)

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Nous avons analysé les séries Azur, Horizon, Blanche, Passions, Audace, Prélud’s, sur la base de 12 volumes par collection (12 histoires d’amour inédites par collection), volumes choisis de façon aléatoire, et publiés entre 2006 et 2009. Dans la première partie de cet article, nous nous attacherons à définir les profils-types de héros (physiques et sociaux) selon les collections. Puis, nous nous intéresserons aux comportements masculins attendus dans la rencontre amoureuse. Nous verrons enfin en quoi les romans Harlequin, tout en interrogeant les formes de socialisation aux identités masculines (et féminines), imposent, en la naturalisant, une définition masculine unique de la séduction, marquée socialement et politiquement. (94-95)