Il n’est pas pour autant dans mon propos de tenter une réhabilitation du genre, mais simplement d’exposer ses caractéristiques et le fonctionnement du système depuis la production des textes jusqu’à leur diffusion et leur réception. Ce ne peut être qu’un survol rapide qui ira de la définition du roman sentimental, d’un bref historique dont l’intérêt principal réside dans l’examen des motifs de sa déqualification, de sa déchéance (si l’on veut) à un point tout aussi bref sur sa situation actuelle.
Les dénominations du genre sont diverses : roman sentimental, roman d’amour, roman rose (ou à l’eau de rose), roman bleu, roman de gare. Diversité intéressante : si les deux premières réfèrent à une thématique générique, les trois autres impliquent une appréciation critique : la fadeur des deux couleurs emporte avec elles rêves (bleus) et illusions : roman de gare (qui s’emploie aussi pour d’autres genres) déprécie la qualité littéraire parce qu’il est vendu dans un lieu de passage commun et lu dans la promiscuité d’un compartiment au milieu du bruit. Nous ne connaissons pas l’origine de ces dénominations.